Sanam Viseux :  » Ce projet m’a aidée à trouver ma voie »

Grâce à son projet « Calcite », Sanam Viseux remportait le 3e prix du concours Design Zéro Déchet 2014. Depuis, qu’est-elle devenue ? Comment concilie-t-elle design et déchets ? Quels sont ses conseils pour les futurs participants ? Réponses dans ce deuxième épisode de « Sur les traces de… ».

Portrait de Sanam Viseux, créatrice du projet Calcite qui a remporté le 3e prix du concours Design Zéro Déchet 2014

De nouveau débouchés pour les déchets coquillés avec Calcite

Pour Sanam, le concours Design Zéro Déchet tombait à pic. Dans le cadre de son diplôme pour lENSCI, elle avait engagé un travail sur la valorisation des déchets coquillés. « L’école nous a présenté le concours, qui collait parfaitement à mon sujet de recherche », se souvient-elle. C’est comme cela qu’est né Calcite, un projet de collecte de coquilles de Saint-Jacques, moules et huîtres auprès des professionnels pour les transformer en un matériau écologique.

300 000 tonnes de coquilles sont jetées en France chaque année

Son inspiration ? Un livre sur la mise en place des systèmes de collecte des déchets. « J’y ai appris qu’autrefois, les coquilles faisaient partie des déchets qui bénéficiaient d’un traitement spécifique ! », nous raconte Sanam. Un premier constat qu’elle a rapidement confronté à la réalité. « Pour DZD et les projets de design en général, il faut questionner les autres, entretenir un lien avec les artisans et les industriels pour avancer tous ensemble… », conseille-t-elle. En concevant Calcite, elle a ainsi interrogé un poissonnier pour connaître ses pratiques, et nourrir sa réflexion sur la collecte de ces déchets plein de ressources.

Créativité et curiosité : la clef pour transformer les déchets

« Aujourd’hui on parle beaucoup du recyclage des plastiques, mais plein d’autres déchets ont des propriétés intéressantes », soutient-t-elle. C’est donc le cas des déchets coquillés qui, une fois nettoyés, séchés et broyés en poudre calcaire, peuvent connaître de multiples applications.

Photos du travail sur les textures obtenues à partir des déchets coquillés pour le projet Calcite de Sanam Viseux.
Expérimentations pour la création de nouveaux matériaux à partir de déchets coquillés.

Pour son diplôme, Sanam a ainsi produit chez elle une série de petits objets durables et réutilisables pour la salle de bain, grâce à l’impression 3D. Ces accessoires ont ensuite été complétés par la création de carreaux décoratifs, inspirés par les belles teintes naturelles des coquilles. Et ce n’est pas tout ! Les déchets coquillés ont également été transformés en briques de construction, en remplaçant le sable par la poudre calcaire. « Je me suis vraiment intéressée à ce sujet après avoir vu un reportage terrifiant sur la disparition du sable, raconte Sanam. On y apprend que cette ressource est pillée au détriment de la faune et de la flore pour faire du béton, des composants électroniques, du plastique, des cosmétiques… ».

Photo de petits accessoires de salle de bain conçus à partir d'un mélange d'acrylique et de coquilles réduites en poudre
Création d'un nouveau matériau composé de 50% d'acrylique et 50% de déchets coquillés.

Le petit « truc en plus » des matières recyclées

Pas de doute, Sanam a la fibre de l’éco-conception. « Calcite m’a aidée à trouver ma voie », affirme-t-elle. Et même si son projet n’a pas pu être concrétisé car elle a été embauchée juste après son diplôme, la dimension environnementale est toujours aussi importante pour elle et le concours Design Zéro Déchet a laissé sa marque.

Aujourd’hui, en tant que designer Couleurs et Matières au sein du Groupe Renault, Sanam considère que « les matières recyclées font partie du design, avec des produits très typés, qui apportent du relief et de l’identité aux produits neufs. Ils racontent une petite histoire supplémentaire ».

Et même si cela n’est pas toujours facile, elle défend ses valeurs, notamment autour du savoir-français. « Car l’éco-conception est bien sûr aussi une question d’éthique. Heureusement, aujourd’hui il y a un véritable engouement, ça bouge ! », conclut-elle.

Le Syctom,
l’agence métropolitaine des déchets ménagers

Premier opérateur public européen dans son domaine, le Syctom traite et valorise les déchets produits par les 6 millions d’habitants de 82 villes (Paris et proche banlieue), soit 10 % de la population française. Chaque année, 2,3 millions de tonnes de déchets sont pris en charge dans ses installations. En partenariat avec les acteurs du territoire, il innove au quotidien pour une gestion durable des déchets ménagers. En amont, le Syctom multiplie les actions de prévention et accompagne ses collectivités adhérentes afin de réduire les déchets produits sur leur territoire et de sensibiliser les usagers au tri.