Lena Moreau : « On parle beaucoup mieux des choses qui nous sont familières »

En 2018, Lena Moreau a remporté le 1er prix du concours Design Zéro Déchet grâce à son projet « Gyre Normand ». Depuis, qu’est-elle devenue ? Comment concilie-t-elle design et déchets ? Quels sont ses conseils pour les futurs participants ? Réponses dans ce premier épisode de « Sur les traces de… ».

Photo de Lena Moreau, créatrice du projet Gyre Normand et gagnante du concours Design Zéro Déchet 2018

Gyre Normand : un laboratoire mobile de sensibilisation

Lena est la conceptrice de Gyre Normand, un projet de camion-laboratoire qui se déplace de port en port pour sensibiliser le public à la pollution des océans, notamment par les déchets plastiques. Avec pour inspiration son expérience personnelle. « J’ai travaillé trois étés dans un port de plaisance, où je ramassais les déchets et j’amarrais les navires, raconte-t-elle. C’est en observant la masse d’objets flottants qui arrivait dans le bassin à chaque marée que j’ai eu l’idée de ce projet ».

Mise en situation du camion Gyre Normand sur une plage

Dans le projet Gyre Normand, touristes, plaisanciers, locaux et sportifs sont invités à rapporter au camion des déchets en polyéthylène collectés sur la plage. Le véhicule, équipé de bacs de recyclage, d’un broyeur et d’un rotomouleur, permet de leur offrir en échange un objet fabriqué in situ. Tous les usagers peuvent repartir avec un sceau, un pare-battage ou un tabouret en guise de souvenir zéro déchet ! Une idée qui a fait mouche, puisqu’elle a permis à Lena de remporter le 1er prix du jury.

L’éco-conception comme un impératif

Si Lena n’a pas encore pu concrétiser ce projet, elle en a développé plein d’autres ! La revue « Jus de bagarre » par exemple, est un magazine papier édité à 100 exemplaires, qui traite de design, de politiques publiques en passant par le voyage et la science-fiction… Trois numéros sont déjà sortis. « J’ai également fabriqué mon projet de diplôme de l’école Boulle : une buvette multifonction pour l’association sportive Basket Paris 14 », précise Lena.

Image cliquable vers le compte Instagram de Lena Moreau, qui présente ses projets "Buvette" et "Jus de bagarre".
À gauche le projet "Baraka", et à droite un exemplaire de "Jus de bagarre"

Et aujourd’hui, elle continue d’associer design et prévention des déchets. Notamment en évaluant au mieux la quantité de matériaux nécessaires à la fabrication d’objets pour ne rien gâcher. Elle cite en exemple un projet de broderie d’un grand tapis à la main, dont elle a réalisé le prototype avec de la laine et de la toile de jute récupérés chez sa grand-mère. « Cela m’a permis d’anticiper précisément le métrage de ma toile et le nombre de pelotes à acheter », explique-t-elle. « De manière générale, quand je recherche un matériau, je vais d’abord vérifier s’il n’est pas en stock à La Réserve des Arts, une très grande ressourcerie à Pantin. »

Une démarche d’éco-conception assumée, même si Lena considère que « le travail de conception est intrinsèquement économe en matière, énergie et moyens, depuis toujours. C’est peut-être ce qui le différencie de la pratique artistique ».

Puiser son inspiration dans le quotidien

L’éco-conception a donc toujours fait partie intégrante de la démarche de Lena, avant même sa participation au concours. Le dispositif Design Zéro Déchet a néanmoins permis de nourrir son travail : « la richesse de ce concours, c’est la rencontre avec les autres participants et leurs projets lors des différents événements organisés par le Syctom. Nous sommes restés en contact avec quelques jeunes ».

Et pour celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure DZD, elle leur conseille d’aborder un territoire de projet qui les concerne. « On parle beaucoup mieux des choses qui nous sont familières, développe-t-elle. Que tu vives dans une cité ou dans un village à la montagne, tu es forcément « expert » d’un environnement particulier. Alors profites-en pour créer à partir de cette base singulière ! ».

 

 

Le Syctom,
l’agence métropolitaine des déchets ménagers

Premier opérateur public européen dans son domaine, le Syctom traite et valorise les déchets produits par les 6 millions d’habitants de 82 villes (Paris et proche banlieue), soit 10 % de la population française. Chaque année, 2,3 millions de tonnes de déchets sont pris en charge dans ses installations. En partenariat avec les acteurs du territoire, il innove au quotidien pour une gestion durable des déchets ménagers. En amont, le Syctom multiplie les actions de prévention et accompagne ses collectivités adhérentes afin de réduire les déchets produits sur leur territoire et de sensibiliser les usagers au tri.